Slow Sexe : what else ?

“Il importe plus de vivre sa vie que de courir après” E . Morin (mais d’autres l’ont dit avant lui)

Un été slow, slow, slow … c’est maintenant ou jamais !

Quel autre moment de l’année pourrait être plus approprié pour vivre la lenteur, que ce moment mythique bien – nommé : vacances.

Ce moment où nous sommes invités, conditionnés  à ralentir, à défaut de faire le vide, la totale vacance.

Mais la « Slow Life », le « slow mouvement » se veut bien plus que ça : un courant qui ces dernières années prend sa place et multiplie ses pratiquants dans tous les milieux après, comme beaucoup avant lui, s’être enraciné dans « l’underground » (n’est ce pas dans ce même sol que toutes les graines vivantes germent et croissent ?).

En réaction à la « Speed Culture », dans tous les nuances du mot anglo – saxon ( de la notion de vitesse à celle des molécules qui permettent au corps et au cerveau d’aller plus vite), et aux dégâts qu’elle provoque sur un grand nombre d’humains et de leur qualité de vie ; dans l’un de ces mouvements pendulaires qui rythme l’évolution de notre monde, est né ce qui est devenu maintenant un courant que l’on retrouve dans tous les pays riches : le « Slow Mouvement ». Qui démarra par le « slow food »  appelé à présent  « écogastronomie » : manger bien et en protégeant son environnement ;  sur l’initiative d’un critique gastronomique italien, Carlo Petrini, en 1989. A noter au passage, qu’il est  désigné en 2008 comme l’une des personnalités qui peuvent sauver la planète. Dans son sillage, se créent en Europe, aux Etats-Unis, au Japon des clubs de sauvegarde de la sieste, des associations de villes qui défendent un style de vie « slow » dans la cité, des regroupements de producteurs du monde entier, le « slow travel », et depuis 2002 le « Slow Sex » initiative italienne également, d’ Alberto Vitale. Enfin, en 2010, la Slow Science Academy publiait son manifeste (1).

Le « Slow Sex » se présente comme un apprentissage de la « décélération érotique ».

Et cet esprit anime de plus en plus souvent ces milliers de stages et séjours  à l’intention de couples en détresse en recherche de solutions pour réenchanter leur vie sexuelle.

Quelques uns interrogent dans ces ateliers sexologiques plus en profondeur cette notion de « lenteur » appliquée à la rencontre érotique. Tel ce thérapeute québécois : « Y a-t-il vraiment un début, un milieu et une fin à l’acte sexuel ? À partir de quel moment précis, de quel geste, considère-t-on qu’on commence et qu’on termine ?» ou encore son collègue sexologue, québécois lui aussi, qui questionne le dogme des années 60, au sujet du découpage de l’activité sexuelle en phases séquencées et immuables.

Carl Honoré (2) rappelle que l’activité sexuelle, subit elle aussi, le diktat de la culture du résultat qui la dévitalise dans une impasse paradoxale : en s’obnubilant sur l’orgasme aux dépens de toutes les occasions de jouissance offertes à chaque moment du partage.

Il rappelle aussi que l’attention au désir : comment le faire naitre, l’entretenir, le nourrir, les apprentissages sensoriels, le jeu avec les différentes phases de l’excitation et du plaisir, sont depuis quelques 5000 ans déjà les thèmes développés dans les écrits et écoles tantriques. Où dans sa forme la plus authentique, le Tantra propose la voie de la rencontre sexuelle comme chemin d’unité avec soi même, avec l’autre et avec l’Univers. Il n’est plus question là d’orgasme, mais de méditation : lenteur associée à la plus fine conscience.

Plus aisément, le Slow Sex  propose et permet de s’ouvrir à la remise en cause des normes qui ont généré habitudes et comportements ritualisés, tant, qu’ils en deviennent sclérosants. C’est s’autoriser enfin à prendre « le petit chemin qui sent la noisette », alors que jusque là nous  prenions l’autoroute. Il semble que le ralentissement s’applique à la pensée avant les actes : prendre enfin le temps de s’interroger, sur la nourriture comme sur la rencontre sexuelle. Le temps de réponses nouvelles, d’expérimentations, de créativité, d’adaptation, de personnalisation. Faire de chaque rencontre une œuvre d’art, aussi éphémère soit elle,  adaptée au moment, au potentiel de chacun dans l’instant, aux envies, aux idées, à la réceptivité. Une sexualité plus douce, sans « menu » préétablie, qui permet de déguster tout en respectant son environnement , mais aussi plus téméraire et frondeuse….

Tendresse, respect, variété, complicité …et les partisans du Slow Sex insistent sur cet aspect : le développement multisensoriel. La multisensorialité … : ceux d’entre nous qui pratiquent l’hypnose dans leur cabinet ne peuvent que l’approuver !

Alors nous sommes conviés à nous inspirer mutuellement pour recréer ensemble ce que les  musiciens appellent le « tempo giusto » : la cadence juste qui rythmera nos ébats pour en faire une harmonie de sens, de plaisirs et de découvertes. Pour jouer ensemble, dans tous les sens du terme !!

Références

(1) http://slow-science.org/slow-science-manifesto.pdf

(2)HONORE Carl – Eloge de la lenteur – trad française 2005 – Ed Marabout

DAEDONE Nicole – Slow Sex : The Art and Craft of the Female Orgasm, Hachette Digital 2011 

RICHARDSON Diana : Slow sex : the path to Fulfilling and Sustainable Sexuality

Article paru dans Sexualités Humaines n°14 juillet/août/septembre 2012

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